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Les fusions nord-européennes bousculent les coopératives laitières

Selon l’observatoire des prix européens d’EDF-ZuivelNL, en 2024, Arla a payé en moyenne 14,64 €/1000 l de moins que DMK (496,66 contre 511,30 € en qualité 34/42 et super A).

Les deux annonces consécutives de fusion entre FrieslandCampina et Milcobel et entre Arla Foods et DMK obligent leurs cousines françaises à s’interroger sur leur propre compétitivité.

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Les coopératives danoise Arla Foods et allemande DMK ont annoncé, début avril, leur intention de fusionner. Si, mi-juin, leur assemblée représentative donne chacune leur feu vert, suivi de celui des Autorités de la concurrence peut-être à la fin de l’année, le nouvel Arla pèsera 19 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 12 200 adhérents et 15 milliards de litres de lait (65 % de la collecte française). DMK est en effet prête à renoncer à son nom pour rejoindre les Danois.

Cette annonce fait suite à celle de deux autres poids lourds européens, les coopératives néerlandaise FrieslandCampina et belge Milcobel en décembre 2024 (10 milliards de litres). La réglementation environnementale étant un peu moins drastique en Allemagne et en Belgique, ces deux pays offrent un potentiel de développement laitier que n’ont plus le Danemark et les Pays-Bas.

Sodiaal met les pieds dans le plat

Évidemment, ces deux projets de fusion interpellent les coopératives laitières françaises. À l’assemblée générale de la Coopération laitière, les 9 et 10 avril à Paris, la parole de Sodiaal était très attendue. « C’est un vrai appel pour nous, réagit Antoine Collette, le directeur général de Sodiaal. Je trouve intéressante l’idée de concentrations transfrontalières. Il ne faut pas se mettre de frontières. Nous sommes dans une Europe à 27 pays. Il n’y a pas de raison de ne pas faire des coopératives européennes. » Le DG de la première coopérative laitière française met carrément les pieds dans le plat. Pour lui, l’industrie laitière française manque de productivité et de compétitivité par rapport à ses concurrentes. « Il n’est par exemple pas acceptable que l’emmental allemand ou des types d’emmental soient importés dans l’Hexagone à des prix moins chers que le nôtre alors que le prix du lait français est plus bas que celui des Allemands », pointe-t-il. Ce constat pousse Sodiaal à fermer le site fromager de Malestroit (Morbihan) en 2028-2029 pour renforcer celui de Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). « L’international doit nourrir également la compétitive nationale, ajoute-t-il. Les profils qui seront réalisés au Canada grâce à la reprise de Yoplait doivent être réinvestis partiellement dans nos usines françaises pour qu’elles soient très compétitives. »

À la croisée des chemins

Les coopératives laitières sont également interpellées par le contexte international. La forte augmentation des droits de douanes voulue par les États-Unis est révélatrice de la transformation du commerce international. « Il y a encore dix ans, les pays utilisaient l’arme de l’exportation des produits agricoles. Aujourd’hui, c’est l’accès aux marchés qui l’est devenu », résume Jean-Marc Chaumet, du service économique du Cniel. Ingo Müller, le DG de DMK, le dit aussi à sa façon dans les colonnes de Topagrar : « La coopérative commune garantira la sécurité alimentaire, même en période de défis mondiaux, et sera en mesure d’offrir encore plus de produits de haute qualité dans le monde entier. »

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